jeudi 15 octobre 2015

Quelle place pour le groupe dans le triangle pédagogique ?

sources : 16 octobre 2012 — jackdub


Faerber a présenté un tétraèdre pédagogique en ajoutant un nouveau pôle au triangle didactique : le groupe. Ce modèle très riche a nourri ma réflexion. Je propose ici quelques ajustements et une lecture de ses différentes faces.
Je cherchais à confronter la vision pédagogique présentée dans ce blog au triangle pédagogique de Houssaye et je suis tombé sur un article pertinent de Richard FAERBER présentant l’outil ACOLAD – Apprentissage COLlaboratif A Distance (on n’est pas très loin des PROjets péDAgogiques GEOdistribués qui ont initiés ce blog…) Faerber y présente un tétraèdre pédagogique représenté ci-dessous intégrant un nouveau sommet : le groupe !
Tétraèdre pédagogique de Faerber
Cette figure me porte à réfléchir (et ça, c’est bien !). Voici quelques idées …
1 – Certains aspects me semblent très riches
  • Le groupe est un facteur important de l’apprentissage. Il me semble qu’il a effectivement sa place dans un tel schéma, au moins pour le prendre en compte lors de la conception, du déroulement et/ou de l’analyse d’un cours. Il faut cependant bien garder en tête que chaque apprenant est à la fois sur les deux pôles (apprenant et groupe), selon le point de vue que l’on adopte.
  • L’environnement virtuel est au centre du tétraèdre, il est sous-jacent à l’apprentissage, utile – voire indispensable – mais reste discret… Il a sa place d’outil, de moyen, sans être une fin en soi. Marc Nagels présente, lui aussi, un tétraèdre où il met la technologie à la place du groupe « Des apprentissages émergent sans pédagogue, simplement par la confrontation à l’environnement technologique » dit-il. Cela fait penser au Hole in the wall de Sugata Mitra, où les technologies catalysent effectivement un apprentissage, mais cet apprentissage se fait collaborativement entre tous les enfants … Je doute que les technologies soient, à elles seules, spontanément, sources d’apprentissage.
  • L’enseignant facilite le travail en groupe : il est en retrait mais reste présent pour modérer, dynamiser, relancer, rétablir l’équilibre souvent fragile dans une telle situation.
2 – D’autres aspects me satisfont moins
  • L’implication de l’apprenant dans le groupe doit être plus forte qu’une simple participation. Isabelle Gonon dans son module de formation sur le travail collaboratif à distance fait la distinction entre participer et collaborer. Il me paraît essentiel que l’étudiant collabore au groupe : la collaboration implique « organisation, coordination, négociation, décision, réalisation et validation collective ».
  • Le groupe n’est pas là que pour partager le savoir : il doit le manipuler, l’expliciter, le découvrir, le co-construire, … Il me semble que le terme manipuler permet de transcrire cette multiplicité des activités en groupe sur le savoir.
  • Qu’est-ce qu’un groupe ? Faerber précise que « le pôle ‘groupe’ commence à exister lorsque ses membres s’expriment par un ‘nous’ au lieu d’un ‘je’. » Il peut être intéressant de préciser quelques situations pratiques de groupe :
    • le tutorat entre pair où l’un explique à l’autre, terreau d’un apprentissage vicariant
    • les travaux d’équipe, que ce soit sur des projets, des problèmes, des études de cas, …
    • la classe, comme entité propre qui peut insuffler une dynamique formidable.
3 – Et ma version du tétraèdre, alors ?
Tétraèdre pédagogique, nouvelle version. D’après Faerber.
On y retrouve le tétraèdre d’origine avec les quelques modifications exposées ci-dessus. Les technologies ont remplacé l’environnement virtuel au cœur des pôles et processus afin d’avoir un modèle plus générique et facilement adaptable à chaque contexte.
La lecture indépendante de chaque face me semble assez intéressante :
  • La face Enseignant – Apprenant – Groupe correspond à apprendre à collaborer. L’enseignant favorise des situations de travail en groupe pour développer le potentiel de collaboration des apprenants.
  • La face Enseignant – Groupe – Savoir peut se lire comme collaborer pour apprendre. Les situations de collaboration ont pour but de manipuler le savoir pour que chaque apprenant puisse se l’approprier en confrontant sa vision à celle des autres membres du groupe.
  • La face Enseignant – Apprenant – Savoir est le triangle originel de Houssaye. Il intègre l’apprentissage de savoirs disciplinaires ainsi que l’analyse réflexive où l’apprenant relit le vécu pour capitaliser l’expérience. Le savoir est alors beaucoup plus large que le seul savoir disciplinaire, il intègre aussi le savoir sur les savoir-faire et savoir-être …
  • La dernière face, Apprenant – Groupe – Savoir correspond au social learning où chacun est à la fois apprenant et soutien à l’apprentissage, pair, tuteur, pour son entourage. L’enseignant n’est plus présent, il a jeté les bases de l’apprentissage tout au long de la vie (lifelong learning).
Ces réflexions sont toutes personnelles et très jeunes … Elles méritent d’être confrontées avec d’autres points de vue, exprimez-vous !

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